Thierry Roche, fondateur et gérant de l’Atelier Thierry Roche et Associés, à Lyon a pour crédo de conjuguer qualité de vie et qualité du bâti, le tout dans une démarche globale de développement durable.
A partir du moment où l’on se pose la question de ce qu’on veut vivre et comment on veut vivre dans nos villes ou notre logement, il est important de savoir pour qui on le fait. Les deux sont indissociables.
Nous le vivons comme tout le monde, d’une manière un peu étrange ! Nous avons eu la capacité de mettre en place le télétravail rapidement, parce que notre profession peut nous le permettre, en dehors des chantiers. Nos architectes quant à eux travaillent « en nomade ». Nous avons deux agences, et nous sommes organisés avec des ordinateurs portables avec un lien VPN depuis très longtemps. Donc techniquement, il n’y avait aucun problème. Nous avons également une gouvernance à l’Atelier qui nous permet de travailler de manière indépendante les uns les autres, avec une grande autonomie et en toute confiance. Ce qui nous permet de nous retrouver autour de visioconférences, mais aussi d’agir indépendamment sans avoir besoin de contrôler.
La reprise, nous la voyons comme tout le monde avec un peu de « brouillard » puisqu’on ne sait pas comment ça va se passer. Nous sommes dans des conditions qui ne sont pas simples. Les permis de construire par exemple ont arrêté d’être instruits, reportés avec de nouveaux délais. Toute la chaine s’est arrêtée et au moment où l’on va reprendre, il va y avoir de l’inertie. On va mettre 3 à 6 mois pour pouvoir reprendre une activité normale avec l’équipement dont on a besoin puisqu’à l’heure actuelle nous sommes en pénurie. Nous sommes inquiets mais nous y croyons car il faut avancer !
On s’est aperçu que la mondialisation était un fait prégnant. Le problème que l’on a ici et que nous vivons en France se retrouve partout. Nous avons dorénavant les mêmes problèmes et interrogations partout. Les problèmes se sont mondialisés ; ce qui est à la fois compliqué puisque le même problème est vécu ici et ailleurs mais c’est à la fois extraordinaire parce que ça nous permet d’échanger avec d’autres pays sur la manière dont eux pratiquent.
En ce qui concerne nos villes, la question est de se demander comment travailler sur des villes beaucoup plus identitaires, circulaires et autonomes. Il y a donc un grand réseau qui se met en place notamment, comme vous l’avez souligné, avec Montréal à travers notamment les Entretiens Jacques Cartier… ce qui nous permet d’être en contact avec des experts qui travaillent sur la ville de demain.
Il y a également toute une interrogation qui est soulevée depuis que nous sommes confinés et qui concerne l’habitat. Comment co-Exister ? comment exister ensemble ? dans nos villes ou notre habitat, cela repose la question des interstices si nécessaires à la respiration : balcons, loggias, terrasses, jardins…
Il y a aussi le problème de la logistique, nous venons à nous demander comment mettre en place des logistiques qui permettent d’approvisionner les villes mais également les habitants. Les déplacements vont également être différents mais cette période de confinement nous permettra à la fois de se poser pour pouvoir réfléchir, échanger mais aussi de reformer la ville puisque la question est posée après chaque pandémie.
C’est aussi l’occasion de réfléchir notamment à Lyon sur les architectes visionnaires comme Tony Garnier qui pensait la ville industrielle liée au végétale et à la santé. Je pense profondément depuis plusieurs années que notre chance en France sera la relocalisation de nos entreprises.
Nous allons devoir trouver des terrains d’acceptabilité des entreprises et développer le marketing territorial, pour accueillir les nouvelles industries qui vont se relocaliser et c’est peut-être une chance de redécouvrir tout cela, avec en plus une population qui a été formée dans cette culture industrielle. C’est certainement une chance.
C’est le point sur lequel nous sommes en train de débattre aujourd’hui dans différents pays. Cette même question se pose, et on en vient à se demander quelle serait la densité acceptable pour éviter d’avoir un « engorgement ».
Nous avons également soulevé le risque d’une réurbanisation de nos banlieues dans la recherche d’un habitat pavillonnaire plus sécuritaire mais propice au mitage de notre territoire au dépend des sols agraires. Toute la question est de trouver un équilibre, qui pourrait être favorisé par les circuits courts. Il faudra éviter l’étalement urbain, qui représente un risque qui pourrait se produire. Notre démarche initiée depuis plus de 15 ans sur « les sociotopes » consistant à créer des oasis urbaines nous conforte sur cette approche de la ville bienveillante.
Il va falloir la changer dans le bon sens du terme. La période du confinement nous permet d'être très en lien avec des réseaux de spécialistes mais dans le cadre de la discussion. Le risque serait d'avoir des personnes qui nous amèneraient des solutions toutes faites. Nous voyons qu’il y a des réseaux qui se mettent en place et qui sont dans une vision positive, environnementalement forte et économiquement viable, qui permet d’échanger sur des solutions. Ce qui est intéressant, c’est que l’identité de chaque ville et de chaque région va pouvoir s’exprimer. Après, ces périodes vont aussi révéler ceux qui sont ancrés dans des valeurs et auront des choses à proposer et les autres.
« C'est quand la mer se retire qu’on découvre ceux qui nageaient sans maillot » Warren Buffet
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